Vaccination des jeunes enfants : des données pour mieux comprendre l’action publique

Vaccination des jeunes enfants : des données pour mieux comprendre l’action publique

1480 1000 BIOPEPS

À l’occasion du débat parlementaire sur l’élargissement des obligations vaccinales chez l’enfant de moins de deux ans, Santé publique France publie dans un dossier pédagogique et un bulletin épidémiologique hebdomadaire l’état des connaissances le plus actuel en matière de vaccination en France. Il présente les résultats de travaux qui ont éclairé la concertation citoyenne sur la vaccination et les arguments épidémiologiques qui montrent l’importance d’une amélioration de la couverture vaccinale des jeunes enfants. Ce BEH donne également la parole aux généralistes et aux futurs professionnels de santé à travers les points de vue du Collège de la médecine générale et des internes de santé publique et de médecine générale.

Deux questions au Dr Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste, responsable de l’unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination à Santé publique France

Quelle est la situation épidémiologique actuellement en France concernant les vaccinations du nourrisson ?
En France, les couvertures vaccinales du nourrisson sont très élevées pour les vaccins obligatoires ou ceux administrés conjointement dans la première année de vie. En revanche, elles sont insuffisantes pour les vaccins uniquement recommandés et administrés dans la seconde année de vie. Notre analyse montre combien il est important de maintenir des niveaux très élevés de couverture vaccinale obtenus pour les premiers et de l’améliorer pour les seconds. 

Pourquoi des couvertures vaccinales très élevées chez le nourrisson sont-elles nécessaires ?
Car il subsiste en France des maladies qui auraient pu être éliminées et qui ne le sont pas faute de cette couverture vaccinale suffisamment élevée. Il s’agit en particulier de la rougeole et, dans une moindre mesure, de la rubéole. On peut y adjoindre les infections invasives à méningocoque C de l’enfant, qui ont entraîné près de 800 cas et 100 décès depuis 2011, alors que les pays européens ayant atteint des niveaux de couverture très élevés ont fait quasiment disparaître ces infections.

Il existe également des maladies qui ne peuvent être éliminées du fait des limites des vaccins actuels. Cette situation concerne la coqueluche et les infections invasives à pneumocoque. Pour ces pathologies, la persistance de la circulation des agents pathogènes justifie le besoin d’une couverture vaccinale la plus élevée possible, afin de réduire autant que faire se peut le fardeau résiduel de la maladie.

Trois questions au Dr Christine Jestin, médecin de santé publique, responsable de l’unité prévention des risques infectieux à Santé publique France

Comment les vaccins sont-ils perçus aujourd’hui par la population?
Les résultats de notre enquête montrent que trois personnes sur quatre en France se disent favorables à la vaccination de façon générale. Cette adhésion générale à la vaccination a augmenté de manière importante par rapport à 2010 (61,2 %) mais a diminué par rapport à 2014 (78,8 %). Elle reste donc globalement élevée.

L’adhésion à la vaccination diffère-t-elle selon les vaccins ?
Oui, premièrement, la vaccination contre la grippe saisonnière est celle qui recueille le plus d’opinions défavorables (15,4 %), devant la vaccination contre l’hépatite B (13,0 %) et la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) (5,8 %).

Nous observons que les vaccins concernant les nourrissons ne suscitent pas ou peu de réticences. Par exemple, la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (vaccin trivalent ROR), le BCG et la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) suscitent moins de 2 % d’avis défavorables. Néanmoins, nous avons également constaté que si la vaccination DTP n’était plus obligatoire, 12,8 % des parents ne feraient « probablement ou certainement pas » vacciner leur enfant.

Deuxièmement, les résultats de l’enquête qualitative réalisée dans le cadre de la concertation citoyenne sur la vaccination, indiquent que le caractère recommandé d’un vaccin lui confère une dimension facultative, avec une remise en question en termes d’utilité, d’efficacité et d’innocuité. En revanche, le caractère obligatoire d’une vaccination semble avoir un effet positif sur sa perception.

Comment les parents s’informent-ils sur les vaccinations ?
La majorité des parents déclarent s’informer auprès d’un médecin pour obtenir des informations sur les vaccinations (81,3 %) et plus d’un tiers (37,4 %) font des recherches sur Internet. Ces résultats confirment le rôle majeur des médecins dans l’information des parents pour la vaccination de leurs enfants. La recherche d’information via Internet est associée à une moindre pratique des vaccinations, ce qui nécessite de renforcer l’information sur l’intérêt des vaccins et de la rendre accessible. Le site Internet vaccination-info-service.fr a été créé dans cet objectif.

vaccination-info-service.fr

Premier site institutionnel sur la vaccination en direction du grand public, Vaccination-info-service.fr apporte des informations factuelles, pratiques et scientifiquement validées, pour répondre aux questions du public en recherche d’information sur la vaccination.

Des animations, infographies, vidéos d’experts et autres contenus multimédia agrémentent le site afin de rendre l’information la plus accessible et attractive possible.

En savoir plus